Comprendre les propriétés thermiques d'un mur en pierre

Les murs en pierre évoquent le charme et l’authenticité des habitations anciennes, mais qu’en est-il de leur performance thermique ? De nombreux propriétaires pensent, à tort, qu’un mur en pierre épais offre une très bonne isolation naturelle. La réalité est plus nuancée.

La pierre : une faible résistance thermique

Contrairement à une idée reçue, la pierre n’est pas un bon isolant thermique. Sa capacité à s’opposer au passage de la chaleur est faible.

  • La conductivité thermique de la plupart des pierres varie autour de 1,7 W/(m·K).
  • Par exemple, un mur en pierre de 50 cm d’épaisseur n’a qu’une résistance thermique d’environ 0,30 m²·K/W.
  • À titre de comparaison, la réglementation thermique française recommande une résistance de l’ordre de 3 m²·K/W minimal en fonction des zones géographiques.

     

Pourquoi les murs en pierre paraissent-ils confortables ?

Si la pierre isole mal, elle présente en revanche une forte inertie thermique (capacité à stocker, à conserver puis à restituer la chaleur de manière diffuse).
Autrement dit, un mur épais en pierre :

  • Absorbe la chaleur en journée et la restitue lentement, ce qui contribue à stabiliser la température intérieure.
  • Agit comme un tampon lors des variations rapides de température extérieure.
  • S’avère particulièrement agréable dans les climats tempérés et à l’intersaison.

 

Mais cette propriété a ses limites :

En hiver, après quelques jours de froid, le mur et l’intérieur de l’habitation se refroidissent sensiblement. En été, lors d’une canicule, le mur finit par chauffer et la chaleur s’accumule à l’intérieur de la maison. Sans isolation, le confort thermique n’est donc pas garanti toute l’année.

La température ressentie joue également un rôle clé dans la perception du confort. En effet, la température perçue par le corps humain n’est pas uniquement influencée par la température de l’air ambiant, mais aussi par celle des surfaces environnantes, telles que les murs, les fenêtres et les sols. Si un mur en pierre est froid (en hiver), même si l’air ambiant est à 20°C, votre corps percevra une température plus basse à cause du contact avec ce mur froid. À l’inverse, en été, un mur chauffé accumule la chaleur, ce qui peut rendre l’intérieur plus chaud qu’il ne l’est réellement. Ainsi, la température ressentie (moyenne entre l’air ambiant et la température des parois) peut être bien inférieure ou supérieure à la température réelle mesurée, réduisant ainsi le confort thermique global de la pièce.

 

Humidité et gestion hygrométrique

Un autre atout des murs en pierre : leur microporosité.
Leur capacité à réguler l’humidité offre un certain confort, mais attention : une pierre mal protégée ou non enduite peut aussi se gorger d’humidité, ce qui nuit au confort et à la santé du bâtiment.

Les murs en pierre peuvent être sensibles aux remontées capillaires, un phénomène où l’humidité du sol monte par capillarité dans les matériaux poreux. Cela peut entraîner des désordres visibles comme des auréoles d’humidité ou des moisissures. Il est donc essentiel de gérer l’humidité de manière appropriée en préservant la ventilation naturelle et en choisissant des matériaux qui permettent au mur de respirer, afin d’éviter les problèmes d’humidité excessive. (voir article sur les remontées capillaires)

Faut-il isoler un mur en pierre ?

Oui, dans la grande majorité des cas, une isolation complémentaire s’impose, surtout si l’on vise le confort moderne et des économies d’énergie.

  • Les murs en pierre non isolés peuvent être responsables de 20 à 25% des pertes de chaleur d’une habitation.
  • Attention en revanche à bien respecter les spécificités des murs en pierre et notamment à la gestion de l’hygrométrie en choisissant le mode d’isolation adapté au bâti ancien.