Découvrez ce résidu industriel devenu un matériau de construction à part entière

Le mâchefer, c’est un mot qui revient souvent dans les histoires de vieilles maisons, surtout si l’on s’intéresse à la rénovation ou au patrimoine bâti dans certaines régions de France. Mais de quoi s’agit-il exactement ? À quoi sert-il et pourquoi l’utilise-t-on ?

Qu’est-ce que le mâchefer ?

Le mâchefer est un résidu solide issu principalement de la combustion du charbon dans les industries lourdes. Autrefois, au lieu de jeter ce déchet industriel, les bâtisseurs ont eu l’idée ingénieuse de le recycler pour fabriquer un béton spécifique : le béton de mâchefer. Ce dernier contient du mâchefer, du sable, de la chaux ou du ciment, et parfois d’autres granulats. L’aspect est souvent gris, poreux, et plus léger que le béton ordinaire.

Les usages du mâchefer dans la construction

Dès la fin du XIXe siècle et jusque dans les années 1960, le mâchefer a été utilisé pour construire des murs de maisons, d’immeubles et de bâtiments publics, notamment dans les régions industrielles. Il pouvait être :

  • – Coulé en place, dans des coffrages, pour des murs épais.
  • – Moulé sous forme de blocs ou briques à assembler, un peu comme des parpaings modernes.

– On retrouve encore aujourd’hui beaucoup de bâtiments en mâchefer, particulièrement dans les faubourgs lyonnais ou stéphanois, et dans le patrimoine populaire.

Les atouts du mâchefer

Ce matériau possède plusieurs avantages :

  • – Il valorise un déchet industriel, ce qui en faisait une option économique et écologique pour l’époque.
  • – Il est léger : facilitation du transport et de la pose sur les chantiers, tout en permettant d’obtenir des murs de bonne épaisseur.
  • – Bonne isolation naturelle : grâce à son inertie et sa porosité, il contribue au confort thermique (le mur garde la fraîcheur en été et la chaleur en hiver) et à la régulation de l’humidité intérieure.
  • – Coût réduit : le béton de mâchefer était souvent moins cher que les solutions 100% minérales, ce qui a favorisé la construction de logements accessibles.

Précautions et limites

Malgré ses qualités, le mâchefer a aussi ses défauts :

  • – Sensibilité à l’eau et à l’humidité : S’il n’est pas bien protégé par un enduit adapté, il peut se dégrader (effritement, apparitions de moisissures ou de salpêtre). C’est pourquoi les murs en mâchefer doivent toujours recevoir un bon enduit protecteur (de préférence à la chaux) et bénéficier d’une bonne ventilation.
  • – Solidité moindre : Il est naturellement moins résistant que le béton armé ou les pierres dures, alors il faut veiller à la stabilité lors de rénovations et éviter les surcharges excessives.
  • – Qualité variable : Le mâchefer utilisé pouvait être plus ou moins résistant selon la provenance, ce qui influe parfois sur la durabilité du mur.
  • – Production de poussières importante : Le mâchefer est un matériau très friable qui génère beaucoup de poussières lorsqu’il est manipulé, percé ou démoli. 
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Impact pour Meyer

Intervenir sur des murs en mâchefer implique une adaptation des méthodes de travail. D’abord, les équipes doivent prendre en compte la quantité importante de poussières générées lors des interventions : port de protections individuelles, aspiration, réalisation d’un SAS de protection pour éviter la propagation de poussière,… 

Ensuite, le mâchefer étant un matériau plein,  contrairement aux murs en parpaings creux, la quantité de gravats à évacuer est plus importante. 

La qualité variable de ce matériau doit aussi être prise en compte dans les notes de calculs pour le dimensionnement des renforcements structurels.

Enfin, cela demande une bonne connaissance de ce matériau ancien pour garantir un ouvrage durable et respectueux du bâti existant.